« Tu devrais essayer de changer », « ce serait bien que je change », « les choses doivent changer ! »…
Ah, le changement ! Un conseil qui nous est régulièrement donné sans que l’on puisse expliquer ce que c’est et en quoi il consiste. Le discours du changement à beau être dans toutes les bouches, très peu de gens sont réellement capables d’expliquer ce que c’est !
Afin de lever le voile sur le sujet, je vais faire appel à la théorie de Frédéric Hudson, un grand nom du développement personnel, ainsi qu’un grand contributeur à la capacité que nous avons aujourd’hui de visualiser, de verbaliser et d’expliquer la notion de changement.
Selon lui, le changement s’explique par la notion de cycles. Vous aurez sans doute remarqué que, dans nos vies, nous sommes régulièrement amenés à traverser des périodes successives qui s’incarnent et s’expliquent à travers la notion de cycle. Nous sommes toutes et tous intimement liés à la dimension de cycle à travers, par exemple, le cycle circadien, lunaire, menstruel, horaire, etc.…
Le cycle qui nous intéresse aujourd’hui serait divisé en quatre phases qu’il est nécessaire de comprendre pour mieux appréhender la notion de changement :
I- Lancement
C’est l’été. Il fait beau, il fait chaud. On a une quantité phénoménale d’énergie, on est bien, confiant, on a la banane !
Cette première phase s’amorce lorsque nous démarrons un nouveau projet, prenons un nouveau poste, entamons une nouvelle activité, etc. Cette nouvelle étape de notre parcours nous booste en énergie, nous sommes extrêmement motivés et nous avons une envie brûlante et bouillonnante de réussir, d’avancer, d’évoluer.
La « fin », si l’on puis dire, de cette première phase est marquée par ce que l’on appelle la phase « plateau ». Cette dernière se définit par le fait que tout roule! C’est-à-dire que nous sommes bien installés dans notre nouveau poste ou notre nouvelle activité ou que nous avons pris en main notre nouveau projet. Nous avons passé l’étape d’apprentissage, de mise en organisation et d’installation d’habitudes. À ce stade, deux dynamiques sont possibles :
– soit nous alimentons cette phase plateau en y apportant de la nouveauté en permanence (statistiquement, il faudrait ajouter 10 % de nouveautés en plus de manière régulière)
– soit nous n’alimentons pas. Nous tombons alors dans la routine et glissons progressivement dans la phase 2, grâce à ce que nous appelons « transition ».
La question importante à se poser à ce moment-là, est : que puis-je apporter de nouveau à ma dynamique actuelle pour rester dans cette phase ?
Si aucune réponse ne vient, rendez-vous en phase 2.
II- Marasme
C’est l’automne. Il continue de faire bon, nous sommes toujours à l’extérieur, mais les feuille tombent, les fleurs fanent et la grisaille commence à pointer le bout de son nez
La deuxième phase est celle de marasme, de déclin. À ce stade, nous sommes toujours tournés vers l’extérieur, toujours plein d’énergie, mais… cependant, quelque chose nous irrite. Il y a des choses qui ne nous conviennent plus. De ce fait, des tensions et/ou des conflits peuvent apparaître.
La solution serait donc de faire ce que l’on appelle un recadrage afin de retourner en phase 1.
La majeure partie de notre vie est une succession de mouvements phase 1 – phase 2 : lancement, déclin, recadrage, re-lancement, etc. C’est ce que Hudson appelle des « mini-transitions ».
Prenons l’exemple d’un couple dont l’homme ou la femme fait régulièrement une crise de jalousie. Si ces crises ne cessent pas, la relation ne convient plus, la personne qui subit ces crises casse le couple en quittant l’autre et passe alors en phase 3.
III- Grand marasme
Nous voilà en plein hiver ! Nous sommes centrés, à l’intérieur. Nous nous retrouvons et tentons de nous réchauffer.
La phase trois est celle de grand marasme. C’est le coup de blues, le cafard, qui peut glisser, dans des cas extrêmes, vers la dépression et parfois même le suicide. Mais, normalement, c’est une phase de reconstruction. C’est la période pendant laquelle on se construit le plus, elle est on ne peut plus salutaire ! Malheureusement, dans notre société, cette phase est complètement dénigrée. C’est-à-dire que l’on fait tout pour ne pas y entrer et surtout pour ne pas y rester, on n’en ressort le plus vite possible. Pourtant, elle est salvatrice ! C’est là que nous grandissons et que nous évoluons !
En général, lorsque l’on atteint cette phase, nous avons besoin de rester seuls pour comprendre et se poser les bonnes questions. C’est pour cela que, lorsque nous traversons une période difficile, et que notre entourage nous dit « ne restes pas seul, sors » Il est important de savoir dire « non » et de profiter de ces instants de solitude dont nous avons amplement besoin, car c’est là que nous nous posons des questions identitaires qui nous permettent de savoir où nous en sommes et où nous avons envie d’aller. L’important est de ne pas y stagner.
Si nous ne vivons pas complètement cette phase, nous risquons de retarder son effet qui pourrait être de plus en plus violent.
On peut donc définir ainsi la dépression : c’est ne pas assumer d’entrer dans cette phase parce qu’elle fait peur. Mais la résistance dont ont fait preuve pour ne pas y aller, amorce l’accumulation de frustrations et de vide qui font que, le jour on n’y entre enfin, c’est tellement violent que nos émotions internes sont on ne peut plus douloureuses !
Après une période plus ou moins longue de tergiversations, d’introspection et de questionnement profond, un souffle de renouveau caresse notre atmosphère, nous ressortons de notre grotte riches de nouvelles émotions positives et plus forts que lorsque nous y sommes entrés. C’est ainsi que se fait notre entrée en phase 4.
IV- Renouveau
Le retour du printemps. Nous recommençons à mettre un pied dehors, tout en faisant attention de ne pas avoir froid.
La phase quatre est celle de la réintégration, du renouveau. Nous y sommes toujours en basse énergie, ce n’est pas encore l’éclate et l’euphorie de la phase 1, malgré tout nous sommes dans une nouvelle énergie empreinte de positivité. La phase précédente nous a permis de retrouver ce qui fait sens dans nos existences. Elle nous a permis de faire le point sur nos valeurs, sur ce qui est important pour nous, sur les personnes dont nous avons besoin ou non, etc.
La réintégration se caractérise par une nouvelle envie d’apprendre, d’ouverture, de curiosité, de légèreté. On ressent le besoin de se reconnecter aux autres, bref nous sommes inspirés ! Si ce que nous découvrons s’avère insatisfaisant, alors nous repassons en phase de grand marasme pour reprendre notre réflexion (mouvement de « balancier ») et ce, jusqu’à ce que nous trouvions ce qui nous convient.
Enfin, lorsque nous sommes prêts, nous réapparaissons en phase 1. Et c’est reparti pour un tour !
Conclusion:
On peut donc considérer que le changement est la succession multiple de mini et de grandes transitions.
À vous de jouer !
Posez-vous la question « dans ma vie, dans quelle phase d’Hudson je suis ? ». Puis, poussez un peu le bouchon en vous demandant « dans mes différents domaines de vie, dans quelle phase je suis ? »
Gardez à l’esprit que, s’il s’avère que vous êtes en phase trois pour un ou plusieurs domaines de vie, ne fermez pas les yeux dessus. N’entrez pas dans une stratégie d’évitement et de fuite. Bien au contraire, ouvrez vos perceptions et votre cœur en pleine conscience à ces questions qui vous rongent. Oui, c’est une zone qui n’est pas facile à traverser en ce moment. Oui, elle ouvre sur l’inconnu. Oui, elle fait peur. Mais prenez la responsabilité de porter votre attention dessus car sinon, vous prenez le risque d’impacter les autres domaines de vie dans lesquels vous êtes probablement sereins. Prenez le temps de vous poser les bonnes question et de retrouver le chemin qui est le vôtre.
Consciemment vôtre,
Rétroliens/Pings