Agression sexuelle

                             Est le terme général pour regrouper toute forme d’atteinte sexuelle commise avec contrainte et/ou violence. Elle peut donc être exercée sous forme de caresses, d’attouchements, d’harcèlement, d’exhibitionnisme, d’excision ou de viol, par exemple. Mais aussi, quelque chose qu’on oublie beaucoup, les mots! En effet, nul besoin de passer  à l’acte pour être auteur de violences sexuelles. Dire à son/sa conjoint(e) « t’es minable au plumard » ou à sa fille « personne ne voudra jamais te baiser », par exemple, sont des violences sexuelles.

 

 

Le viol  

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                             Est un crime. Le code pénal le définit comme « « tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur une personne par violence, contrainte, menace ou surprise. » Quel que soit ce qui est inséré (sexe, doigts, objets…) et quel que soit l’endroit par lequel la pénétration est orchestrée (vaginale, anale, buccale, etc.). La contrainte peut être physique ou morale (différence d’âge, liens, menaces de représailles en cas de refus) et l’agresseur a eu recours à la surprise lorsque, par exemple, la victime est droguée, inconsciente ou alcoolisée.

                             Contrairement à ce que l’on peut croire, le viol n’a rien à voir avec une pulsion ou un désir sexuels, il est une arme terriblement efficace pour soumettre, détruire et dégrader une personne qui se retrouve réduite à l’état d’objet, d’esclave. Son véritable objectif est d’exercer et de jouir d’un sentiment de toute puissance dans le seul et unique but d’assouvir un besoin de domination. Pour aller encore plus loin, on peut affirmer que les actes de viols sont de véritables mises en scène de meurtres qui, en plus, peuvent-être réitérer. D’ailleurs on observe souvent qu’ils sont utilisés comme une arme de guerre et de répression par la terreur lors de conflits.

                             Il est également effarant de constater que les violences sexuelles sont, dans plus de 80% des cas, exercées par un/des proche(s) ou des personnes connues des victimes. Les victimes les plus touchées sont les enfants ; viennent ensuite les femmes. Dans la très grande majorité des cas, elles sont provoquées par des hommes. Cependant, les délits et crimes sexuels commis par des femmes (majoritairement sur des enfants) sont encore très méconnues et sous-estimées…

                             Les violences sexuelles sont très graves ! Elles ont le triste privilège de partager avec la torture et la barbarie, la première marche du podium des formes de violences les plus graves, les plus destructrices mais aussi, fort malheureusement, les moins dénoncées… ainsi, elles sont exercées par des individus ayant soif de puissance qui peuvent agir en toute impunité, alors que le viol est un crime reconnu par la loi, jugé en cour d’assise.

                             Il est également innommable de constater que ces formes d’agressions sont encore très peu considérées, sous-estimées, souvent déniées, encore tolérées…, que leurs victimes sont rejetées, malmenées, pas crues, maltraitées, reniées, repoussées, accusées (d’être folles, mythomanes ou de l’avoir cherché…) et réduites à rien. Ce triste compte-rendu est le résultats d’une société qui encourage encore trop la discrimination face aux femmes et qui véhicule encore beaucoup trop de préjugés.

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                            Parmi toutes les agressions d’ordre sexuel qui peuvent être commises, le viol est certainement la plus traumatisante. Il est une atteinte incroyablement brutale et inhumaine de l’intégrité profonde de la victime. Tout ce qui fait qu’elle est Elle disparaît suite à l’acte sexuel qui a tout sali, tout détruit. Le viol est un meurtre sans cadavre. L’ineffable aberrance de cet acte déclenche chez la victime des mécanismes psycho-traumatiques (dissociation, mémoire traumatique, amnésie traumatique) qui vont lui bouffer l’existence tant qu’elle ne sera pas prise en charge par une personne extérieure. Si elle ne trouve pas un moyen de sortir de cet enfer, la victime sera littéralement colonisée par cet acte infâme qu’elle a subi, chaque jour de sa vie : douleurs, insomnies, cauchemars, angoisses, attaques de panique, sensation de mort imminente, troubles sexuels, difficultés de concentration, problèmes de santé, sentiment de honte, de culpabilité, d’être souillée, sale, estime de soi catastrophique, dépression, suicide

 

 

L’inceste

                             Il qualifie des rapports sexuels imposés à un mineur par un membre de sa famille. Au regard de la loi, un viol commis avec ascendant (parent, tuteur) constitue une circonstance aggravante. L’inceste fait partie des actes de violence les plus insensés, les plus effroyables… un enfant qui subit ça d’un parent sensé le protéger, l’aimer est trahi, car sous couvert d’amour ou d’éducation, ils vivent l’impensable. Sa vulnérabilité et son assujettissement, du fait de sa dépendance affective envers ces personnes qui font office de raison et de vérité, sont utilisées pour les réduire à néant. Ces actes commis sur des enfants vont au-delà de l’atteinte de leur intégrité physique et psychique, car c’est un abus de confiance et de pouvoir sur un être innocent, vulnérable, immature et impuissant.

Il va de soi que cette ignominie génère chez la victime un fort sentiment de trahison qui peut entacher sa confiance en le monde, ce qui complique considérablement son existence (en plus, bien sûr, de tous les autres désordres que cela implique). Les enfants victimes d’inceste vivent dans un climat d’insécurité et de terreur, sous une chape de plomb énorme souvent maintenue par le reste de l’entourage et même par la société.

                             Les conséquences psycho-traumatiques sur ces jeunes personnes sont absolument alarmantes et catastrophiques : troubles dans leurs relations sociales, troubles sexuels, désordres alimentaires, délinquance, fugues, difficultés scolaires, consommation de drogues ou d’alcool, automutilations, suicide

                             L’horreur de ce cas particulier (mais très loin d’être isolé) réside également dans le fait que la victime est constamment en contact avec son agresseur. Chaque acte répété est plus violent, plus traumatisant que le précédent, pour la victime qui est alors obligée d’installer une mémoire traumatique qui génère une souffrance intolérable ! Pour y échapper, si l’enfant n’est pas pris en charge, retiré de son domicile et soigné, il est alors contraint d’adopter des stratégies de défense pour ne plus ressentir la douleur qui s’exprime chaque jour, chaque heure, chaque seconde… C’est ainsi qu’il passe dans un état dissociatif chronique, permanent, qui installe une anesthésie émotionnelle et une dépersonnalisation qui lui permettent de « supporter » les sévices qui lui sont infligés (dont la violence augmente puisqu’il ne sent plus rien…).

                             Cet état peut encore durer des années après la fin des violences, condamnant ainsi l’individu à vivre et revivre sans cesse les mêmes choses, à avoir peur de tout, à devoir se sur-adapter à tout et « n’importe quoi ». Ce système d’auto-défense peut entraîner une forme d’amnésie qui peut prendre fin n’importe quand, dans n’importe quelle circonstance : à la création d’un nouveau lien, d’une autre agression, d’une rencontre amoureuse, d’une naissance, d’un enfant qui atteint l’âge auquel les violences ont commencé, d’un deuil, d’une intervention chirurgicale, etc. Si ces personnes ne trouvent pas de main tendue à laquelle s’agripper, elles pourraient ne jamais sortir de tout ça et rester victimes de ce calvaire jusqu’à la fin de leurs jours. Cette perspective est odieusement inhumaine, mais ô combien (trop, beaucoup trop) fréquente !

 

 

Dans le couple

                             Le viol conjugal est un sujet tabou qui touche l’intimité de beaucoup trop de femmes. Il est un crime au même titre que les horreurs évoquées ci-dessus. Un viol reste un viol, même s’il est commis dans la sphère privée par le conjoint ou le mari. Lorsqu’une femme subit un rapport sexuel alors qu’elle n’en voulait pas, elle est une femme violée. La preuve est qu’elles aussi développent un stress post-traumatique, avec troubles du sommeil, cauchemars, insomnies, insécurité, troubles de la mémoire (incidence, donc, sur la sphère professionnelle) et problèmes de santé et j’en passe! Elles aussi mettent en place des attitudes auto-défensives, afin de continuer de mener à bien la gestion leur vie quotidienne.

Cette campagne lancée par le CFCV (Collectif Féministe Contre le Viol) donne un bref aperçu de ce que ces femmes vivent dans l’ombre intensifiée par la honte, la peur et la loi de l’omerta:

 

 

Juridiquement, ça donne quoi ?

Code Pénal

Les agressions sexuelles autres que le viol sont des délits. La peine encourue est de 5 ans de prison (7 à 10 ans si présence de circonstances aggravantes) et 75 000€ d’amende.

Le viol est donc un crime pour lequel la peine encourue est de 15 ans d’emprisonnement. Elle peut passer à 20 ans s’il est commis avec une ou plusieurs circonstances aggravantes, en voici quelques-unes :

  • L’acte a été commis par le conjoint, mari, partenaire ou ex-conjoint, ex-mari, ex-partenaire de la victime.
  • La victime était particulièrement vulnérable (infirme, malade, enceinte).
  • L’agresseur a un ascendant sur sa victime
  • L’agresseur était sous l’influence de l’alcool ou de drogues.

La victime a 10 ans après le viol pour porter plainte (20 ans après la majorité si la victime était mineure au moment des faits) et peut demander un huis clos (un procès sans public).

 

 

Quelques chiffres…

  • 120 000 à 150 000 viols par an en France
  • 16% des femmes ont subi des viols dans leur vie
  • 59% de ces viols ont été subis avant 18 ans
  • 81% des violences sexuelles commencent avant 18 ans
  • ½ avant 11 ans
  • 1/5 avant 6 ans
  • 70% subiront au moins une autre agression sexuelle dans leur vie
  • Les violences sexuelles toucheraient 20 à 30% des personnes
  • Plus de 600 000 sites pédopornographiques sur internet
  • 1 enfant sur 5 a été sollicité sexuellement sur internet

Peu importe les circonstances dans lesquelles ces actes ont été commis, rien, absolument rien ne justifie qu’une personne doive subir ces atrocités. Qu’importe comment elle est habillée, son état ou encore son comportement. Les personnes condamnées à subir ces monstruosités ne sont en rien responsables ou coupables de cet enfer dans lequel elles sont entraînées de force.

Bravement vôtre,