Parfois, lors de situation particulièrement intense ou stressante, le vrai problème n’est pas tant l’événement en lui-même, que la manière dont il est traité ou non.
Peut-être as-tu appris par le passé à te battre seul pour affronter les mauvais moments de ta vie, et qu’aujourd’hui tu doives apprendre à demander de l’aide autour de toi. Ou peut-être en es-tu venu à te considérer comme faible et qu’il est aujourd’hui nécessaire que tu sortes de ton statut de « victime ». Ou peut-être que tu passes tellement de temps à t’occuper des autres que tu n’es plus du tout conscient de ce que sont tes propres besoins. Ou encore, tu es peut-être tellement dissocié de ta dimension émotionnelle et donc de la peur, que tu affrontes l’adversité comme si elle était une attraction chez Disney World.
Dans l’idéal, nous avons accès à un panel de réactions possibles pour faire face à une expérience : flight, fight or freeze (fuir, combattre ou geler), se soumettre ou se liguer. On considère que la bonne réaction est celle qui s’adapte le mieux à la situation dans laquelle elle s’exprime. Cependant, la réalité est tout autre car nos réactions sont conditionnées par les événements passés. Ces réactions sont d’autant plus ancrées qu’elles ont été forgées par des expériences traumatisantes et donc par une sur-adaptation à notre environnement, notre famille, notre culture qui déterminent notre sphère écologique. Il va de soi que de tels apprentissages influent naturellement sur la manière dont on gère les nouvelles situations qui surviennent dans notre vie.
Prenons l’exemple d’une personne qui, dans l’enfance a dû supporter des abus de manière régulière et qui a appris à se soumettre. Quelques années plus tard, il y a de fortes chances qu’elle devienne un adulte incapable de se défendre, de se mettre en sécurité lors de nouveaux challenges ou encore d’assurer sa survie dès lors qu’elle n’est plus soumise à des conditions de captivité (comme dans le cadre de violences domestiques, par exemple).
En revanche, un enfant qui a appris à lutter et à se battre, peu importe le résultat, a tendance une fois adulte à agir avec impulsivité et/ou agressivité, ou encore à avoir plus de difficultés à obtenir de l’aide ou à faire face à une menace avec sérénité, ce qui donnerait indéniablement de meilleurs résultats.
Je pense que peu de personnes prennent le temps d’observer quel type de réponse elles privilégient. Pourtant, une telle prise de recul pourrait offrir beaucoup d’informations intéressantes en vue d’une amélioration et d’une évolution positive de Soi. Les plus belles expériences de vie et/ou relationnelles peuvent être anéanties par de mauvaises réactions induites par un passé… passé, qui colonise le présent car le moindre bruit, la moindre odeur, le moindre stress ou le moindre mot réactive des blessures qu’on n’a pas voulu regarder et panser. Prendre le risque de tout perdre pour avoir tourné le dos à ses automatismes, pour un manque d’adéquation entre notre réponse conditionnée et la réponse juste, c’est quand même dommage, tu ne trouves pas ? D’autant que les retombées de ces comportements coûtent souvent très cher, tant à notre entourage qu’à nous même.
Dans une existence comme celle-ci, les catastrophes, le chaos et l’incertitude sont devenus une norme alors que la compassion, la stabilité émotionnelle et l’ouverture à l’autre sont devenus bien insuffisants. Dans de telles conditions, il nous est impossible d’aider, on ne peut qu’avoir peur et sur-réagir. Pourtant, nous avons tous la capacité de nous aider, d’aider les autres et la planète lorsque nous apprenons à reprendre contact avec notre Soi supérieur, avec un minimum de dommages à l’encontre de notre bien-être ou de celui les autres.
Apprendre à ouvrir notre Fenêtre de Tolérance
La notion de Fenêtre de Tolérance, introduite pour la première fois par Dr. Daniel Siegel (professeur clinicien en psychiatrie à l’UCLA School of Medicine et directeur exécutif de l’Institut Mindsight) qui, dans son livre intitulé The Developing Mind, a souligné l’importance de travailler sur sa stabilité émotionnelle pour accéder à une bonne santé mentale.
Voici, en gros ce que ça donne : la Fenêtre de Tolérance est un état émotionnel, physique et social donné que nous pouvons habiter sereinement dans une situation, ou à travers une tâche, que nous nous sentons capables de traverser, d’accomplir, dans laquelle nous avons confiance en notre capacité à interagir avec les autres et l’environnement, tout en prenant en considération nos propres états émotionnels et besoins. C’est un état optimal d’excitation dans lequel nous pouvons avancer et prospérer dans la vie de tous les jours. En fonction de notre vécu, notre fenêtre peut être plus ou moins étroite, l’objectif étant de l’élargir le plus possible, bien que son aspect soit dépendant de la personnalité de chacun et varie en relation avec les différents moments de notre vie.
« On ne peut pas diriger le vent, mais on peut ajuster nos voiles. »
Lorsque nous sommes en mesure d’élargir notre Fenêtre de Tolérance, nous pouvons profiter d’avantage de douceur dans nos voiles, indépendamment des vagues, des obstacles et des aventures que nous rencontrons.
La Fenêtre de Tolérance a une limite supérieure définie par une hyper excitation, ainsi qu’une limite inférieure donnée par une « hypo » excitation. Chacun de ces extrêmes a ses états émotionnels, physique et social spécifiques, tout comme notre Fenêtre de Tolérance. Elles sont des zones de survie dans lequel le système nerveux nous réfugie lorsque la situation vécue semble le dépasser.
Pour vivre dans le cadre offert par notre fenêtre de tolérance, il est important de repérer les signes nous indiquant que nous en sommes sortis et quels moyens mettre en œuvre pour y retourner.
La fenêtre de tolérance est donc rattachée à la notion de ressourcement. Cette dernière est purement subjective et se définie en fonction de notre Moi unique et de notre approche de la vie. Nous nous donnons à travers notre présence, nos pensées, nos émotions ou une combinaison de tout cela, à nous d’y adapter notre tempérament, nos systèmes de défense, etc.
A toi de jouer!
Tu trouveras ci-dessous un petit diagramme qui t’aideras à identifier la zone dans laquelle tu te trouves. Quelle est celle que tu privilégiais jusqu’à présent ? Que peux-tu faire et mettre en place pour regagner ta Fenêtre de Tolérance ?
Tolérament vôtre,
Marie Peyron
Fondatrice de Phoenix-Coaching
Rétroliens/Pings