Les violences ont bien entendu des conséquences sur la personne qui les reçoit. Physiques, par exemple, avec des atteintes, des fractures, des plaies, des bosses, etc. Mais ce n’est pas tout… vous l’aurez compris, elles ont également et systématiquement un impact traumatique psychologique (troubles psycho traumatiques) qui sont des atteintes qui vont jusqu’à toucher le système nerveux et qui sont majoritairement beaucoup plus longues à soigner. Les répercussions de violences subies sont donc à la fois physiques et mentales, c’est-à-dire que les victimes sont en quelques sortes choquées, ce qui génère des symptômes importants qui peuvent durer des semaines, des mois, de nombreuses années, voire de nombreuses vies (mais c’est un autre débat) ! C’est pourquoi il est absolument nécessaire que les victimes de violences soient prises en charge, quelle que soit la manière (saine, bien évidemment) qu’elle choisit pour aller mieux et se libérer de cette/ces douloureuse(s) expérience(s).
Une prise en charge pour une « fracture » psycho traumatique devrait être aussi évidente que pour une fracture physique. La bonne nouvelle, c’est que dans les deux cas elles se traitent. Il est primordial que la victime soit seule le moins longtemps possible, car plus le temps passe, plus le trauma s’installe, plus il est long et difficile de s’en défaire ; elle doit au plus vite être aidée, soutenue et « soignée ».

 

Les mécanismes psycho traumatiques

Ce terme définit ce qui se passe dans le cerveau lorsque l’on subit des violences. Il est important d’avoir connaissance de ces mécanismes lorsque l’on est en présence d’une personne qui, de toute évidence, est ou a été victime de violences. La connaissance de ces schémas lui permet d’être comprise tant par son entourage que d’elle-même. Car en étant dans l’ignorance, la victime risque d’être rejetée pour ce qu’elle a à livrer, de ne pas être crue, ou de recevoir des reproches du type « pourquoi tu ne t’es pas défendue ? » « si c’est vrai, pourquoi avoir attendu si longtemps pour en parler ? » alors que ces comportement mis en exergue sont directement liés au(x) traumatisme(s) subi(s), ils en sont même la preuve !
Ces mécanismes, quels sont-ils ? Ce sont des processus neurobiologiques qui permettent de comprendre toutes les conséquences psycho-traumatiques des violences. J’ai déjà évoqué ces mécanismes dans d’autres articles, mais je n’en parlerais jamais assez :
En fait, ce qui se passe, c’est que lorsque l’on se retrouve face à un individu qui a l’intention de nuire, de faire mal et qui nous confronte à des faits impensables, anormaux et inhumains (d’autant que la majorité des violences sont perpétrées par un/des proche(s), et surtout les plus graves (les violences sexuelles) qui le sont à 90% ! C’est effarant !), la situation est tellement aberrante que le cerveau ne peut pas prendre en compte cette réalité. On dit alors qu’il est sidéré. Comme c’est lui qui, normalement, contrôle les émotions, s’il est gelé, forcément elles ne sont pas contrôlées : c’est pour cela qu’une personne qui vit cette situation se trouve dans l’incapacité de réagir, de parler ou encore de se défendre ; et c’est ce qui va lui être reproché. Pourtant, c’est une réaction tout à fait normale ! Qui ne s’est jamais retrouvé paralysé devant une situation qui le dépasse ? Pourtant, la victime croule ensuite sous les reproches ; ceux des autres, si elle ose en parler, mais aussi les siens. En y repensant, elle va pouvoir se dire « pourquoi je n’ai pas dit ou fait ça ? » et ainsi continuer le jeu infâme que l’agresseur a déposé en elle. 
Et c’est pas fini ! Car si la personne est sidérée, l’émotion, elle, continue de s’amplifier jusqu’à atteindre un niveau tel qu’elle peut avoir de lourdes conséquences au niveau cardio-vasculaire et cérébral : la victime est littéralement en train de mourir de stress ! Pour éviter d’en arriver là, notre brave allié le cerveau disjoncte, comme un circuit électrique en surchauffe, il coupe tout : son objectif à ce moment est d’impérativement stopper la réponse émotionnelle, beaucoup trop dangereuse. A ce stade, la sensation est très étrange, car les violences continuent mais on se retrouve brutalement coupé de ses émotions, de son corps et de la réalité. On devient comme spectateur d’une scène d’une violence inouïe sans pouvoir rien y faire, avec une forme de passivité déconcertante, en ne ressentant ni émotions, ni douleurs… on est comme «décorporalisé.» 
En résulte une espèce d’indifférence (qui devient chronique si la victime est régulièrement en contact avec son agresseur) que l’entourage ne comprend donc pas, parce que la victime, dans son discours, va mettre une telle distance entre ce qu’elle évoque et ce qu’elle ressent (cela peut aller jusqu’à raconter l’inracontable avec le sourire) qu’aux yeux de son interlocuteur, son histoire n’est pas plausible. MAIS CE N’EST PAS DU J’M’EN FOUTISME, LA PERSONNE EST DISSOCIEE (sacré non de non !) Pour faire simple, plus une personne est traumatisée, plus elle est déconnectée. Comme elles ont une attitude qui n’entre pas en corrélation avec ce que les gens attendent d’une victime de violences, cette dernière se retrouve rejetée, humiliée, maltraitée, ni crue, ni comprise (ce qui constitue une injustice et donc une violence supplémentaire)… Elles se retrouvent donc seules pour traverser l’enfer.
Pour couronner le tout, le cerveau en faisant le mort n’a pas permis l’intégration de l’évènement dans la mémoire autobiographique pour la stocker au présent : c’est ce que l’on appelle la mémoire traumatique. Ainsi, chaque fois qu’un élément du quotidien (un mot, un son, une odeur, un objet, une image, un lieu, un regard, un stress, une sensation, etc.) semblera avoir un lien avec l’expérience de la victime, celle-ci sera envahie d’un tsunami d’émotions en revivant (parfois plusieurs fois par jour) l’impensable (sans forcément avoir les images et donc le pourquoi de ces sensations soudaines). Une personne ayant subi une tentative de strangulation aura d’un coup du mal à respirer, par exemple. Cette mémoire traumatique peut également s’exprimer sous forme de douleurs, de sensation de mort imminente, de cris, ou des phrase dans la tête, cauchemars, bref toutes sensations vécue par la victime. C’est une véritable torture ! Sa vie devient un terrain miné !

 

Conséquences des violences

1) Conséquences psychologiques (qui sont normales !!!)

Source: psychologie-psychanalyse.com

Si une personne dans un tel état de détresse n’est pas prise en charge, deux solutions s’offrent à elle :
         

   1) elle ne bouge plus, par peur de réactiver sa mémoire traumatique et met en place une conduite d’évitement, phobique ou d’hyper-contrôle face à un sentiment de danger permanent : – elle ne va plus dans certains endroits, – si elle a vécu des violences sexuelles, on ne peut plus la toucher; si, dans ce cadre, il y a eu du sperme, elle va passer sa vie à se laver les mains ou le corps aussitôt qu’elle a une sensation un peu collante, par exemple, –
    2) ou alors, s’il faut quand même avancer sur le terrain miné et que ça risque d’exploser, elle ne peut avancer que si elle est complètement déconnectée, anesthésiée. Pour cela, elle développe un/des

comportement(s) dissociant(s) : – drogues, alcool, etc. – conduites à risque (elle fait monter le stress pour que ça disjoncte) : scarifications, automutilations, mise en danger (sports extrêmes, revictimisation, tentatives de suicide, etc.) … car tout cela est hautement préférable au fait de revivre un viol, par exemple.
Finalement, la mémoire traumatique colonise par les violences, les douleurs, l’angoisse, la terreur… bref, c’est affreux, mais aussi par les 

 

paroles de l’agresseur qui reviennent sans cesse et tournent en boucle dans sa tête. C’est pour cela que la victime se met à culpabiliser, car elle entend encore et encore l’agresseur lui dire qu’elle ne vaut rien, qu’elle l’a mérité, que tout est de sa faute… ; elle peut également être colonisée par sa haine, ses hurlements, son mépris, mais également par l’excitation perverse de l’agresseur à tel point qu’elle finit par croire que ces comportements sont elle. Ces mots, ces comportements s’impriment chaque fois un peu plus pour finir par devenir une réalité aux yeux de la victime. Ainsi, alors même que l’agresseur est absent, il est toujours là… Dans ce cadre, il est important de comprendre, de prendre conscience et d’accepter que tout cela ne leur appartient pas, mais appartient à l’agresseur.

 

2) Conséquences physiques

Source: Mcxlorpics

Lorsque nous faisons face à une personne avec de tels comportements, il ne faut pas se contenter de se dire qu’elle fait n’importe quoi et la mettre de côté, en la laissant se débrouiller seule avec des conséquences très lourdes, mais bel et bien lui tendre la main en commençant par l’interroger sur ce qui lui est arrivé ou sur les raisons de ces comportements qu’elle a et/ou de son mal-être. Je le répète, ces comportements ne sont pas liés à elle, à sa personnalité, mais aux violences qui ont été subies. IL EST NORMAL D’ALLER MAL SI ON A SUBI DES VIOLENCES ! Il est tout aussi normal d’éprouver de la difficulté à en parler, il ne faut donc pas hésiter à poser des questions, à se préoccuper de ses proches et à s’ouvrir à leurs douleurs.

 

Protégeons-les !

 

Solidairement vôtre,

 

Marie Peyron
Fondatrice de Phoenix-Coaching