Les violences psychologiques sont un processus insidieux mais très bien rodé imposé par un individu à l’esprit tordu qui suit une logique de « bourreau », à sa proie qui, dès l’instant de leur rencontre, est devenue une victime, car le piège est déjà en place lorsqu’il la séduit pour l’enfermer dans ses filets. La violence psychologique est comme une toile d’araignée qui va lentement mais sûrement isoler, dépersonnaliser et tuer (psychiquement si ce n’est pas physiquement) la victime. C’est une arme de vipère acérée et d’une précision effrayante qui impacte l’être de manière tellement profonde et intense qu’il faut des années après que la victime ait quitté son bourreau pour retrouver une vie normale :

« Cette vipère, ma vipère, dûment étranglée, mais partout renaissante, je la brandis encore et je la brandirai toujours, quel que soit le nom qu’il te plaise de lui donner : haine, politique du pire, désespoir ou goût du malheur ! […] Merci, ma mère ! Je suis celui qui marche, une vipère au poing. » Hervé Bazin, Vipère au poing.

 

Qui plus est, il est parfois difficile de la démasquer, car elle ne laisse pas de traces visibles. Mais il n’est pas nécessaire de frapper pour blesser

La violence psychologique s’instaure par cycle de 4 phases :

  •            la phase de tension : commence par la séduction, la paix, le calme… qui peut durer des années. Parfois quelques colères ou tension surviennent, mais à cause de facteurs extérieurs (le contexte économique, les notes des enfants, les enfants qui font du bruit, un problème de santé qui survient…) en apparence. Si un jour la victime s’exprime sur le mal-être général que tout cela cause, c’est la crise. La proie qui a osé s’exprimer devient une cible à abattre.
  •            la phase de crise : si elle dit quoi que ce soit, elle sait qu’il va se passer quelque chose, mais ne sait pas quoi. Elle est même incapable d’envisager ce qui va se produire, mais elle sait que ça va être terrible. Donc elle se tait et s’épuise à résister.
  •            la phase de justification : ce n’est pas tout d’injurier, d’humilier, de rabaisser, de ne plus répondre ou de tourner le dos à sa victime, il faut bien sûr lui expliquer en quoi tout est de sa faute, qu’elle a dépassé les bornes et qu’il était nécessaire qu’il « l’éduque » en vue de la faire « grandir » et de la rendre « meilleure ».
  •            la lune de miel : faudrait quand même pas que le pauvre bourreau perde sa proie, son rêve, son ennemie… il va donc se radoucir pour mieux la ferrer encore…

 

Toute cette mise en scène est créée dans le seul et unique but de jouer, d’instrumentaliser, de détruire… il impose une lourde domination de bien des façons : manipulation, terreur, cris, silences, regards qui glacent d’effroi, sans parler de la sidération obtenue par l’imposition de comportements hors normes, inhumains, incohérents et incompréhensibles. Le discours du bourreau est fondé sur du vide, ainsi, la victime n’a rien sur quoi poser une réflexion qui pourrait la mener vers une prise de conscience de sa réalité. Le bourreau use d’une patience redoutable pour entrer dans la tête, le corps et le cœur de sa victime en prenant le contrôle de chaque parcelle de sa vie, jusqu’à l’infantiliser et la rendre complètement inerte, piégée dans les ténèbres d’une folie créer de toutes pièces par un individu malsain. Les proies subissent les rouages d’une entreprise de démolition identitaire ayant déposé un contrat sur leur tête et qui investit dans un conditionnement vicieux pour qu’elles se sentent incapables, bêtes, inférieures, incompétentes, laides, coupables de tout, sans valeur, réduite à un objet voué à satisfaire les besoins perfides d’un pervers qui n’a de l’homme (au sens général, mais je n’y mettrais pas de « H ») que le nom. 

La victime baigne alors dans une imposture totale, car tout ce qui vient de l’autre n’est qu’illusion et abus de pouvoir dans un dessein manipulateur et destructeur. Entendons-nous sur le fait que toutes ces attentions à l’égard de sa proie sont intentionnelles, c’est pourquoi elles sont délivrées sous couvert d’amour, d’éducation, de responsabilité, d’impératifs professionnels ou financiers, etc. L’agresseur s’arrange toujours pour que la responsabilité des difficultés quotidiennes qui gangrènent leur relation repose sur les épaules de la victime qui n’a aucun moyen de réagir, alors que les raisons de ces peines sont inventées de toutes pièces par le bourreau : « tu m’as énervé, tu es folle, tu ne m’aimes pas, etc. »

Il est d’autant plus facile pour le bourreau d’agir en toute indécence que le nombre de stéréotypes véhiculés par la société sur l’amour, la famille, la réussite, l’éducation, le travail, la sexualité, l’obéissance, la hiérarchie, la sécurité… sur tous nos domaines de vie, en fait, qui ne va pas en diminuant. Qui plus est, bien trop d’inégalités injustifiées envahissent encore très largement cette même société qui les accepte et les tolère encore bien trop. Le bourreau est au courant de tout ça et il sait que ses actions mettent à mal l’intégrité physique et psychologique de sa proie, mais il se permet d’agir en toute impunité, bien lové dans le huis-clos de la sphère personnelle (famille, couple, lieu de travail…) soutenue par cette société qui ferme les yeux et accuse les victimes au lieu d’appréhender les criminels. Je dis bien criminel, car lorsque la victime finit par se suicider, le bourreau devient un meurtrier.

Tout auteur de violences psychologiques a en lui une faille énorme, la fameuse faille narcissique. Cela signifie que c’est une personne qui n’est pas construite, mais qui sait que pour pouvoir exister dans notre société actuelle, il faut un minimum réussir, être en relation avec les autres, bien présenter, avoir un statut social, etc. Mais voilà, cette personne étant incapable d’avoir la force, l’énergie et la capacité nécessaires pour développer toutes ces caractéristiques, elle va aller les chercher ailleurs. Il a donc besoin de l’autre pour exister. Cet autre qui représente à la fois leur objectif et leur pire ennemi.

Le mythe exprimant le fait qu’une victime de violences psychologiques est une personne faible me fait doucement rigoler, car c’est plutôt les gens très forts que l’agresseur va aller chercher pour avoir un coup de main. Il va de soi que l’auteur de ces violences ne va pas s’enticher d’une personne faible, il va aller chercher une personne forte, intelligente, courageuse, sociable, gentille, capable de créer du lien, pour s’en servir et regarder comment elle fait. Il va ensuite tout s’accaparer : famille, amis, collègues… c’est pour cela qu’on les trouve toujours extrêmement gentils, intelligents, à l’humour débordant, seulement quand on l’observe, car lorsque ce n’est plus le cas, il est beaucoup, beaucoup moins drôle… Bien souvent ils vont prendre à leur victime, tout ce qu’elle est, en ne laissent aucune trace concrète de leur violence mais réduisent sa vie à néant.

C’est au moment où la victime quitte l’auteur de agressions qu’elle a le plus besoin d’attention, car le piège dans lequel elle a été enfermée est très efficace. Il écrase et rend inefficace toute tentative d’analyses ou d’expression émotionnelle de la victime, car elles sont niées et disqualifiées depuis des années (« tu exagères », « c’est pas si grave », « arrête ta comédie », etc.). Tant d’indifférence à l’égard des sentiments de la victime vont détruire l’estime qu’elle a pour elle, sa confiance en elle pour laisser place à la culpabilité, la dépendance et un sentiment d’incapacité toujours grandissant et toujours créé de toutes pièces par des paroles telles que « t’es bonne à rien », « sans moi tu ne vaux rien », « avec tout ce que je fais pour toi », « t’as vu comme t’es grosse ? », et tant d’autres exemples encore…

La répétition quotidienne de ces attitudes va conduire la victime à développer un état de dissociation qui va l’anesthésier émotionnellement. Ainsi, elle se retrouve dans l’incapacité de réagir, de répondre, de réfléchir… elle a beau pouvoir se rendre compte de la gravité de sa situation, elle est coupée de ses émotions. Par ailleurs, elle est submergée d’émotions totalement incohérentes et incompréhensibles qui lui pète à la figure pour des faits insignifiants et parfois inexistants, et qui n’ont donc pas de justifications ! La victime a peu à peu l’impression d’être folle ! C’est un poison qui s’écoule lentement et imprègne chaque veine, chaque organe, chaque cellule de la proie qui ne peut se débattre,et ce sans laisser une seule trace de tous les sévices qu’elle subit. Voilà comment se met en place l’emprise du bourreau qui rend si difficile l’évasion de la victime.

C’est la raison pour laquelle s’il n’y a pas un retour, quel qu’il soit, qui rende objective la situation, et étant donné qu’elle est seule, qu’elle a besoin d’aide et d’être entourée, elle retournera avec la personne qui l’a maltraitée pendant des années.

Elle fait alors face à une double peine, l’entourage ne comprend pas « ça n’allait pas, tu es partie, tu es sensée aller mieux, t’y retournes : tu le cherches ! ». L’origine de ce comportement qui peut sembler paradoxal est l’humanité de la victime. Comme tout être humain, elle a besoin d’attention. Qui lui donne cette attention dont elle a besoin ? Le bourreau… car lui aussi a besoin d’elle, il sera prêt à tout pour la récupérer en repassant d’abord par une phase de séduction. Elle va donc s’accrocher à ce minimum qu’elle croit que son bourreau lui donne. Si elle n’a plus rien, elle n’est plus rien.

Comme il est insupportable de n’être plus rien, elle y retourne…

Outre la culpabilité qu’elle avait déjà développé, qui pesait déjà sur ses épaules, elle a maintenant droit à la honte, parce qu’elle y est retournée. Personne ne veut donc plus l’aider, ses amis, sa famille l’ont fait une fois, si elle ne veut pas faire d’efforts, ça lui appartient… faut pas exagérer, non plus !

Il est important de comprendre qu’une victime de violences psychologiques est une personne rendue en incapacité complète de réfléchir, tant sur elle-même que sur l’entourage, que la réalité : il n’y a absolument plus rien de concret pour elle. La seule et unique chose tangible, pour elle, est ce qu’elle entend ; à savoir le discours d’une personne qui cherche à la posséder pour la détruire.

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Une campagne de lutte contre les violences psychologiques a été menée par la Fédération Wallonie-Bruxelles: « la violence psychologique, c’est de la violence tout court » dont voici la première vidéo:


Les violences psychologiques sont toujours présentes et imprègnent toutes les autres violences
(physiques ou sexuelles, par exemple).

En résumé : les violences psychologiques ont des objectifs bien précis :

  •  Créer un climat d’insécurité physique, psychique et émotionnelle (conflits à propos de tout et de rien, sous-entendus, chantage affectif, etc.)
  •  Exercer des contraintes, un contrôle et créer l’isolement (surveillance perpétuelle de tous ses faits et gestes)
  • Développer un sentiment d’infériorité, d’humiliation et de dévalorisation (critiques sur absolument tout, les phrases avec « , mais », etc.)
  • Développer la culpabilité, la honte (par le sentiment d’incompétence)
  • Développer un sentiment de doute et de confusion permanents (par des attitudes et des messages qui reposent sur du vent, des mensonges, interprétations de ses moindre faits et gestes etc.)

En bref, le bourreau ne suit qu’un seul et unique credo :  séduire pour mieux détruire…

 

 

Juridiquement, ça donne quoi ?


Il est désormais possible de porter plainte pour ce type de violences depuis la création de la loi du 9 juillet 2010 et qui décrit ces violences comme « des actes qui peuvent être constitués de paroles et/ou d’agissements, d’une dégradation des conditions de vie de la victime, entraînant une altération de sa santé physique ou mentale ».

Grâce à elle, l’auteur des violences encourt jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et 75 000€ d’amende.

Cependant, comme pour le reste, c’est un long chemin de croix pour la victime car, vous l’aurez compris, elle est obligée de trouver des preuves quasi inexistantes pour appuyer ses dires, ce qui n’est pas une mince affaire…

 

 

Quelques chiffres…

 

Ben y’en a pas !… c’est dire s’il est urgent d’ouvrir les consciences sur ces situations pourtant si courantes !

 

 

Arrêtons de nous taire parce que les autres ont mal aux yeux !

 

 

Il est un livre qui relate très bien les conséquences de violences psychologiques que je vous conseille: Les parents de Mélie

 

Bruyamment vôtre,

 

Marie Peyron,
Fondatrice de Phoenix-Coaching